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BDESE : quelles données doivent obligatoirement y figurer ?

Table des matières

La Base de Données Économiques, Sociales et Environnementales (BDESE) est un outil central du dialogue social dans les entreprises de 50 salariés et plus. Créée pour regrouper en un seul espace structuré les principales informations de l’entreprise, elle permet aux représentants du personnel d’exercer pleinement leur mission d’analyse, de consultation et de contrôle.

Depuis la réforme issue de la loi Climat et Résilience, la BDESE intègre également une dimension environnementale, renforçant son rôle stratégique. Sa mise en place, sa structuration et sa mise à jour sont encadrées par le Code du travail, sous peine de sanctions. Pourtant, de nombreuses entreprises peinent à distinguer les données obligatoires de celles qui peuvent être ajoutées à titre facultatif ou personnalisable.

Cet article propose un panorama complet des informations devant obligatoirement figurer dans la BDESE, selon le cadre légal en vigueur, avec des exemples concrets et des précisions sur les règles applicables selon la taille de l’entreprise. L’objectif est d’apporter aux employeurs comme aux élus une lecture claire, opérationnelle et conforme aux exigences réglementaires.

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Comprendre la BDESE et ses objectifs réglementaires

Définition et origines : de la BDES à la BDESE

La BDESE, ou Base de Données Économiques, Sociales et Environnementales, est un outil de centralisation des informations clés de l’entreprise, mis à disposition des représentants du personnel. Elle résulte d’une évolution progressive du droit du travail : d’abord introduite en 2013 sous le nom de BDES (Base de Données Économiques et Sociales), elle a été élargie à la dimension environnementale par la loi Climat et Résilience du 22 août 2021.

Cette base vise à concentrer en un lieu unique l’ensemble des informations nécessaires à l’exercice des missions du Comité Social et Économique (CSE), dans une logique de structuration, de transparence et de cohérence des données transmises.

Les objectifs de transparence, de dialogue social et de conformité

La BDESE a pour finalité de faciliter l’information et la consultation du CSE, notamment lors des trois grandes consultations annuelles obligatoires : les orientations stratégiques de l’entreprise, la situation économique et financière, ainsi que la politique sociale, les conditions de travail et l’emploi.

En centralisant des données économiques, sociales et environnementales, la BDESE contribue à renforcer la transparence entre l’employeur et les représentants du personnel. Elle favorise un dialogue social éclairé et documenté, tout en assurant le respect des obligations légales de l’employeur.

Son existence et sa mise à jour régulière sont donc indispensables à la fois pour le bon fonctionnement du dialogue social et pour éviter les risques de sanctions en cas de non-conformité.

Quelles entreprises sont concernées par l’obligation ?

Toutes les entreprises du secteur privé comptant au moins 50 salariés et disposant d’un CSE ont l’obligation légale de mettre en place une BDESE. Cette obligation est inscrite dans les articles L. 2312-18 et suivants du Code du travail. Les entreprises nouvellement concernées par le seuil disposent d’un délai d’un an après la proclamation des résultats de l’élection du CSE pour déployer leur base de données.

Les structures de moins de 50 salariés ne sont pas soumises à cette obligation, sauf si elles appartiennent à une unité économique et sociale (UES) dépassant ce seuil.

À qui s’adresse la BDESE ?

La BDESE est exclusivement destinée aux représentants du personnel. Elle doit être accessible aux membres titulaires du CSE, aux délégués syndicaux, et dans certains cas, à l’expert mandaté par le CSE. L’accès doit être sécurisé, contrôlé, et respecter les règles de confidentialité prévues par le Code du travail.

Dans les entreprises de plus de 300 salariés, cette base doit impérativement être tenue sous format numérique. En dessous de ce seuil, l’entreprise reste libre de choisir entre un support papier ou informatique, sous réserve que les modalités d’accès soient clairement définies.

Le contenu obligatoire de la BDESE : que dit le Code du travail ?

Vue d’ensemble des 10 rubriques thématiques

Le Code du travail encadre précisément le contenu minimal que doit comporter la BDESE. Elle s’articule autour de dix grandes thématiques regroupant l’ensemble des données économiques, sociales et environnementales que l’employeur doit transmettre au CSE. Ces thématiques concernent notamment :

  • L’investissement social, matériel et immatériel
  • Les fonds propres et l’endettement
  • La rémunération des salariés et des dirigeants
  • Les activités sociales et culturelles
  • La rémunération des financeurs
  • Les flux financiers à destination de l’entreprise
  • La sous-traitance
  • Les transferts commerciaux et financiers entre entités du groupe
  • La politique environnementale
  • L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes

     

Contenu spécifique selon le seuil d’effectif

Le contenu de la BDESE varie selon que l’entreprise emploie moins ou plus de 300 salariés.

Dans les entreprises de 50 à 299 salariés, le contenu est fixé par l’article R. 2312-8 du Code du travail. Il prévoit notamment une ventilation des données sur trois années (deux années écoulées, l’année en cours, et trois années à venir).

Pour les entreprises de 300 salariés et plus, les exigences sont renforcées. Elles doivent notamment publier certaines données sous forme numérique, et intégrer des indicateurs plus détaillés, notamment sur l’environnement et l’actionnariat.

Les grandes catégories de la BDESE

Données économiques

Elles concernent les investissements (équipements, R&D, innovation), le chiffre d’affaires (par segment ou zone géographique), ainsi que les aides publiques perçues (subventions, exonérations, crédits d’impôt).

Données sociales

Elles incluent la répartition des effectifs par type de contrat, sexe, âge ou ancienneté, les rémunérations (fixes, variables, épargne salariale), les actions de formation, ainsi que les politiques en matière de santé, sécurité, conditions de travail et égalité professionnelle.

Données environnementales

Depuis 2021, les entreprises doivent intégrer dans la BDESE leurs engagements et indicateurs liés à la transition écologique : politique environnementale, consommation d’énergie, gestion des déchets, émissions de gaz à effet de serre, et actions concrètes en matière de développement durable.

Particularités selon accord collectif ou modèle par défaut

L’employeur peut définir le contenu, la forme et la périodicité de mise à jour de la BDESE par accord collectif d’entreprise. Cet accord peut adapter la structure des rubriques ou exclure certaines d’entre elles (sous-traitance, transferts financiers intragroupe). En l’absence d’accord, c’est le modèle par défaut du Code du travail qui s’applique.

Quelle que soit l’option choisie, le contenu doit toujours rester cohérent avec les obligations de consultation du CSE et permettre un accès clair, exhaustif et actualisé aux informations utiles à l’exercice de ses missions.

Bonnes pratiques, pièges à éviter et risques en cas de non‑conformité

À quelle fréquence faut-il mettre à jour la BDESE pour rester conforme ?

La BDESE ne peut remplir son rôle que si les données qu’elle contient sont fiables, actuelles et exploitables par les représentants du personnel. C’est pourquoi la fréquence de mise à jour est un point central pour rester conforme à la réglementation.

L’obligation de mise à jour n’est pas strictement définie dans tous les cas par le Code du travail, mais plusieurs règles se dégagent :

  • Dans les entreprises de 50 à 299 salariés, une mise à jour bimestrielle est généralement recommandée. Cela permet d’assurer que les données relatives aux effectifs, à la rémunération, aux mouvements du personnel ou encore à la formation reflètent la réalité de l’entreprise au moment des consultations.

     

  • Dans les entreprises de 300 salariés et plus, les attentes sont plus strictes : certaines informations doivent être actualisées de manière mensuelle ou trimestrielle, en fonction de leur nature. Par exemple, les indicateurs financiers ou les données de production peuvent nécessiter un suivi rapproché.

     

  • Avant chaque consultation du CSE, la mise à jour devient impérative. Notamment dans le cadre des trois consultations récurrentes obligatoires (orientations stratégiques, situation économique et financière, politique sociale et conditions de travail), les élus doivent disposer de données actualisées pour rendre un avis utile.

     

Pour structurer efficacement cette mise à jour régulière, il est recommandé de mettre en place :

  • Un calendrier de mise à jour en lien avec les échéances du CSE
  • Un référent BDESE côté RH, finance ou RSE pour superviser la collecte des données
  • Une procédure documentée précisant les rubriques à actualiser et la périodicité attendue
  • Une vérification croisée avec les supports RH et comptables (paie, bilan social, rapports RSE…)

     

Ce travail régulier permet non seulement d’anticiper les consultations, mais aussi de renforcer la fiabilité de la BDESE en cas de contrôle ou d’expertise externe. Une base bien tenue évite les contestations, valorise la transparence de l’entreprise et renforce la crédibilité du dialogue social.

Quelles données doivent figurer sur plusieurs années ?

Les données de la BDESE doivent couvrir non seulement l’année en cours, mais aussi les deux années précédentes, et proposer des projections ou tendances pour trois années à venir. Pour les entreprises de moins de 300 salariés, certaines rubriques (par exemple l’évolution des effectifs par type de contrat, par âge, ancienneté) doivent être retracées mois par mois sur les trois dernières années. Pour les entreprises de 300 salariés ou plus, certaines données financières ou sociales peuvent exiger des niveaux de détail ou des périodicités spécifiques (mensuelles, trimestrielles). 

Confidentialité, normes de calcul et justification des données

Certaines données contenues dans la BDESE peuvent être sensibles ou relever d’une confidentialité légitime (par exemple, sur la santé, les diagnostics internes, les éléments stratégiques). L’employeur peut qualifier certaines informations de « confidentielles » dans la BDESE, sous réserve cependant que cette classification ne restreigne pas indûment l’accès aux élus. Il est impératif que l’employeur applique des normes de calcul transparentes (par exemple choix de la norme ETP versus nombre de salariés physiques) et qu’il documente ces choix pour justifier les chiffres communiqués. En cas d’écart ou d’approximation, les élus doivent pouvoir demander des explications, comparer avec des bilans ou d’autres sources, et signaler les incohérences.

Délit d’entrave : sanctions encourues et jurisprudence récente

Le défaut de création, d’accès, de mise à jour ou d’alimentation complète de la BDESE peut constituer un délit d’entrave au fonctionnement régulier du CSE.

L’employeur peut être condamné à une amende allant jusqu’à 7 500 € en cas de non‑respect de ses obligations.

Plusieurs décisions de justice ont sanctionné des entreprises pour BDESE incomplète ou non mise à jour, et les juges peuvent ordonner la complémentation de la base sous astreinte.

Conseils pratiques pour structurer et documenter sa BDESE

  • Définir un calendrier de mise à jour régulier, aligné aux dates de consultation du CSE.
  • Choisir des normes de calcul cohérentes (ex. ETP, effectif physique) et noter ces choix dans un mémo explicatif.
  • Mettre en place une charte de confidentialité ou de discrétion pour les utilisateurs, clarifiant les données sensibles.
  • Documenter les sources des données (services RH, paie, finance, RSE) pour chaque rubrique.
  • Prévoir un audit interne ou externe annuel pour vérifier la complétude, la cohérence et l’actualisation de la base.
  • Si des données manquent, notifier le CSE et fournir un planning de complétion.
  • Envisager l’usage d’un logiciel ou d’une plateforme dédiée pour automatiser l’alimentation, contrôler la qualité et tracer les mises à jour.

La BDESE constitue bien plus qu’une simple formalité administrative : elle est au cœur du dialogue social dans l’entreprise. En structurant les informations économiques, sociales et environnementales, elle permet aux représentants du personnel de disposer d’une vision claire et actualisée, indispensable à l’exercice de leurs missions. Pour l’employeur, elle représente également un outil stratégique, permettant de démontrer transparence, conformité et responsabilité.

Sa mise en place et sa gestion doivent donc faire l’objet d’un réel engagement : respect des obligations légales, rigueur dans la mise à jour, structuration claire des données, sécurité des accès. Une BDESE bien tenue renforce la qualité des échanges avec les élus, limite les risques juridiques et valorise la politique sociale de l’entreprise.

Face à des obligations parfois complexes, il peut être utile de se faire accompagner, notamment dans la définition du contenu, le choix des indicateurs, ou encore l’automatisation de la collecte des données. Une approche professionnelle et rigoureuse fera de la BDESE un levier de confiance, au service d’un dialogue social plus efficace et durable.

Les infos de la BDESE à retenir

Une entreprise de moins de 50 salariés doit-elle avoir une BDESE ?

Non. Seules les entreprises du secteur privé d’au moins 50 salariés et disposant d’un CSE ont l’obligation de mettre en place une BDESE. Toutefois, certaines obligations d’information demeurent, même sans BDESE.

La BDESE doit contenir 10 grandes thématiques, incluant les données économiques (investissements, chiffre d’affaires), sociales (effectifs, rémunérations, égalité femmes-hommes) et environnementales (empreinte carbone, consommation d’énergie, politiques RSE).

La mise à jour dépend de la taille de l’entreprise. En dessous de 300 salariés, une mise à jour bimestrielle est recommandée. Au-delà, certaines données doivent être actualisées mensuellement ou trimestriellement. La base doit être à jour avant chaque consultation du CSE.

Le défaut de création, de mise à jour ou d’accès à la BDESE peut constituer un délit d’entrave au fonctionnement du CSE. L’employeur risque une amende, voire des actions judiciaires de la part des élus.